On attribue à Jean Monnet l’expression « Si c’était à refaire, je commencerais par la culture ». Si cette phrase n’a en réalité jamais été prononcée par le père fondateur de l’Europe Jean Monnet, nombre de ses successeurs ont œuvré pour que la construction européenne ne se résume pas à une réalisation économique. Ainsi Jacques Delors, à peine devenu Président de la Commission européenne, a posé les premiers jalons de ce qui deviendra très rapidement l’une des initiatives les plus louées de l’Union européenne : Erasmus. Les trente ans d’existence de ce programme offrent l’occasion de revenir sur la genèse pour mieux en comprendre l’essence et les perspectives.

Les traités ne donnent qu’une compétence d’appui à l’Union européenne en matière d’éducation mais c’est par conviction que Jacques Delors décide de lancer la mise en place d’initiatives pour l’éducation et la formation tout au long de la vie en 1985. Erasmus était né et avec lui de nombreuses perspectives pour former une jeunesse mobile et active dans l’ensemble du marché du travail européen. Mais aussi de nombreux défis quant à la marge du champ de compétence européen, la massification et la diversification des opportunités de mobilité qui sont toujours terriblement d’actualité aujourd’hui et sur lesquels revient Claire Versini, en s’appuyant sur les archives de Jacques Delors.

Quelles que soient les opportunités, le plus grand défi reste de susciter l’appétit à la mobilité en Europe. Dès 1993, les candidats au départ le sont plus pour un départ extra-UE que dans l’Union européenne. La mobilité est certes vue comme une opportunité, mais la mobilité européenne charme moins17. Manque d’exotisme ? Envie d’ailleurs ? Opportunités plus importantes plus loin ? Toujours est-il que l’UE n’attire pas tellement les jeunes qui en sont issus, ce qui souligne là encore la nécessité d’œuvrer à la promotion de l’Europe comme espace culturel et de valeur, mais aussi comme espace économique prospère et attractif pour motiver toujours plus de jeunes à le parcourir et à y poser les pierres d’une citoyenneté européenne plus mobile. À l’instar des États-Nations, qui ont su utiliser l’éducation pour créer des identités nationales fortes, l’Union européenne a trouvé dans la mobilité un outil essentiel à la fois à l’avènement du marché intérieur et à la naissance d’un sentiment d’appartenance et de citoyenneté européenne. Il s’agit désormais de permettre au plus grand nombre de bénéficier de ces opportunités afin que la construction européenne puisse s’enrichir des pierres posées par ses citoyens dans tous ses territoires.

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par Claire Versini

Responsable des Événements; Responsable des actions citoyennes & pédagogiques de Jacques Delors Institut